1. Les hommes sont parfaits


    Pas la peine de chanter La femme est l’avenir de l’homme, ce n’est pas vrai. Cette phrase nourrit sans doute un narcissisme féminin. Sans pertinence pour autant. D’ailleurs les hommes sont parfaits. La preuve ? Ce sont les femmes qui veulent changer, pas les hommes. Elles veulent faire comme eux. Ils sont le modèle universel. Un modèle imité : montrer les poings, aller au baston, aujourd’hui les femmes le font aussi bien. Depuis Mrs Thatcher et sa guerre des Malouines on sait qu’une femme peut massacrer avec la même ferveur qu’un homme. Les hommes ne sont plus seuls à porter la charge du canon. Ils explorent même de nouveaux territoires. Ils deviennent angéliques, savent pleurer, être victimes, dire non, faire des scènes, et vont regarder le foot chez le voisin célibataire en buvant des bières parce que là au moins personne ne leur fait de reproches.

    Depuis quelques décennies la parole masculine était mise à l’écart. Elle revient et porte un regard provocateur, iconoclaste, polémique et éventuellement humoristique sur un certain féminisme. Le discours masculin n’est pas une résistance au changement ou une nostalgie du passé. Il repense le monde à sa manière et propose aujourd’hui une critique frontale du nouvel évangile prêché par les nouvelles ayatollahtes. Préférant le questionnement au ronronnement du dogme il revisite les certitudes modernes et analyse de manière drôle, acide et parfois sérieuse l’univers du féminisme. Précisément un certain féminisme : l’ultra, le féminisme radical. Celui qui s’est assigné pour but de déconstruire le masculin et de lui faire endosser les péchés du monde. Il ne s’agit donc pas ici de parler des femmes en général mais de celles qu’une féministe belge, Catherine François, présidente de SOS Viol Belgique, nomme les talibanes ou inquisitrices dans un article paru en 20031. Allons-y, soyons fous, réinstallons le débat confisqué. Prêchons parfois le faux pour savoir le vrai et le vrai pour débusquer l’excès. Secouons le cocotier. Le sable du marchand s’est déposé sur les palmes du vainqueur : dépoussiérons les esprits et réveillons-nous !

    Car les hommes s’étaient endormis. Tellement sûrs d’avoir accompli leur devoir qu’ils croyaient enfin goûter à un repos bien mérité. L’espèce humaine était abondante et avait colonisé toute la planète. Un système performant d’organisation sociale fondée sur la différenciation, la spécialisation et la répartition des fonctions avait été mis en place. Au siècle passé les mauvaises langues de la Féminista ont donné à ce système un nom imprégné de connotations péjoratives : le patriarcat.

    Ce mot honteux a été utilisé depuis lors sans modération.


(...)


    Non. Quand les hommes s’éveilleront ils ne s’excuseront pas d’exister ni d’être comme ils sont. D’ailleurs ils sont très bien les hommes. Ils ne changeront pas. Ils n’en ont pas besoin. Ils sont parfaits !




« L’homme et la femme ne sont pas symétriques. Ils ne le sont ni dans leurs configurations anatomiques et biologiques, ni dans les conséquences de la reproduction sexuée, ni dans le vécu relationnel. Quelle est la part du biologique ? Est-il ou non normatif, arbitre-t-il la dissymétrie ? Ces questions sont toujours ouvertes. Le constat que le viol est très majoritairement commis par des hommes confirme de manière indiscutable l’asymétrie hommes-femmes, et implique que les hommes reçoivent une éducation différente de celle des femmes. » (p. 56)



« Les femmes sont plus fortes, plus solides, plus déterminées que l’image de chose soumise imposée par la Féminista. Dans le passé comme aujourd’hui les femmes assuraient. Elles n’étaient en rien inférieures aux hommes, ce qu’elles démontrent de nombreuses manières depuis très longtemps. Elles n’auraient jamais accepté un système qui leur soit contraire au point de devenir des esclaves souffrant quotidiennement d’oppression. » (p. 137)



« Il faudrait revisiter les mythologies et les cosmogonies, Isis et Osiris, Roméo et Juliette en quête du Graal amoureux. Le binôme féminin-masculin a toujours été interrogé et la place du féminin n’y est pas moindre que celle du masculin. L’analyse de ce binôme sous l’angle de la seule théorie de la domination d’un genre sur l’autre est singulièrement réductrice.» (p. 159)



« On doit s’étonner que l’on puisse dissocier mâle, homme et masculin, ou femelle, femme et féminin, au point de séparer le genre social de son identité corporelle première. On doit s’étonner que l’on définisse un genre social sans lui reconnaître de lien avec le sexe dont il s’inspire. Sur quoi peut-on affirmer que le culturel - qui est la représentation et mise en scène des corps - s’est constitué sans que ces mêmes corps puissent au moins l’inspirer ? Il est surprenant de voir comment on détache le corps et l’esprit l’un de l’autre et comment l’on coupe tous liens entre eux. Réminiscence du péché du corps ? Le corps est impur. Le corps est sale ou mauvais s’il génère une différence. La reculpabilisation du corps est-elle en route ?

    Quel nouveau paradigme pourrait inclure à la fois le corps et la culture ? » (p. 55)

CD